En 2008, les pirates somaliennes ont attaques 115 bateaux. De juillet 2008 à décembre de cette année, la somme moyenne des rançons a sauté d’1 million dollars US à 1,5 million. Plus de 16 000 vaisseaux passent chaque année dans la Golfe d’Aden, ou la majorité d’attaques ont lieu mais, avec l’augmentation du nombre des attaques et la somme demandé par les pirates, de plus en plus de compagnies choisissent de prendre la route du Cap de Bonne Espérance au lieu de risquer une attaque.
Sans un gouvernement, un littoral isole de 3 300 km de long, et une population désespéré et s’habitué à la guerre, Somalie est l’environnement idéal pour la piraterie. Cette piraterie est directement liée à la faillite de l’état somalien et pourvu que la Somalie ne stabilise pas, on peut s’attendre à la continuation de ces attaques1. Le monde se fixe ses yeux sur l’océan alors que les véritables causes de la piraterie somalienne sont à terre. La piraterie et la violence dans les eaux somaliens reflète la violence et la piraterie dans la Somalie elle-même.
La faillite d’un Etat
Pour comprendre l’épidémie récente de la piraterie en Somalie, il faut d’abord connaitre l’histoire de ce pays. La Somalie est un paradoxe politique. C’est l’un des états-nations le plus homogène du monde, avec la majorité de la population partageant la même langue (somali), la même religion(Islam), les mêmes coutumes. En effet, des habitants du pays ont été soudés par un nationalisme agressif : le drapeau du pays se composait d’une étoile à cinq branches, symbolisant les cinq éléments de la nation somalienne, à l’exception de Djibouti et d’Ogaden.
Dès les premiers jours de son indépendance en juillet 1960, la Somalie devient un pion entre les mains des grandes puissances pendant la Guerre Froide, tellement convoitée à cause de son emplacement stratégique dans la Corne de l’Afrique. Dans un premier temps, les Soviétiques l’ont injectes d’armes pour l’assister dans son tentative de « récupérer » l’Ogaden et les régions au nord du Kenya ou vivaient en majorité des minorités somaliennes. En 1977, un changement d’alliance s’opérait et les Etats-Unis devenait l’allie de la Somalie. Et eux aussi ont injecte le pays avec des armes.
En Somalie, la base de toute relation sociale est le clan. Les somalis se divisent entre eux dans un éventail étonnant de clans, sous-clans, sous-sous-clans, etc. Le 27 janvier 1991, Mohamed Siad Barre quitte le pouvoir après 21 ans d’un régime dictatorial. Les seigneurs de guerre qui l’avaient contraint à céder le pouvoir s’affrontent dans une guerre sans merci pour conquérir le pouvoir. Ces seigneurs de guerre ont déclenché tous ces armes des uns contres des autres, et le pays se sombre dans une guerre civile.
En 1992, l’ONU envoie la première mission humanitaire pour endiguer la famine, l’ONISOM, mais c’est un échec. Décembre 1992, les Etats-Unis envoient des forces américaines pour mettre en œuvre le nouveau mandat du Conseil de Sécurité qui autorise l’utilisation de force pour assurer la livraison de l’aide humanitaire. On connait la fin de cette partie de l’histoire. Apres la mort de 18 soldats américains suivi du spectacle de la traînée de leurs corps dans les rues de Mogadiscio. Le gouvernement américain retire de suite ses forces. La communauté internationale finalement les suit, quittant le pays en 1995, laissant la Somalie en oubli jusqu’au printemps 2006, avec l’avènement de l’Union des tribunaux islamique. L’arrivée des militants musulmans au pouvoir suscite un regain d’intérêt par les américains.
Le pillage des océans
Bien qu’on n’ait commence à prêter de l’attention aux pirates somaliens qu’en 2005, la première phase de la vague contemporaine de la piraterie en Somalie s’est entame au début des années 1990, suivant le renversement du régime de Mohamed Siad Barre. Elle a ses origines dans les communautés de pêcheurs qui, au début, essayaient de protéger leurs eaux territoriaux du pêche et du dumping illégal commis par les étrangers. Selon la FAO, environ 700 vaisseaux tenu par les non-somaliens en profitaient pleinement du pêche illégal dans les eaux somaliens.
Quand les divers groupes de rebelles qui ont renverse le régime de Barre n’ont pas réussi à prendre le pouvoir et se tournaient les uns contre les autres, des vaisseaux étrangers ont vu l’opportunité d’envahir les eaux territoriaux et la zone économique maritime somaliennes afin de pêcher les espèces divers comme le thon, les fins de requins et de raies, l’homard. On soupçonnait aussi ces vaisseaux d’utiliser de l’équipement de pèche internationalement interdit, dont les filets avec les mailles très petite et de l’éclairage sous-marin pour attirer les poissons. Selon Omar Abdulla Hayla, un expert de la pêcherie, basé à Mogadiscio, « Les chalutiers commençaient d’approcher de la cote – cherchant des espèces de poisson lucratif — déclenchant une confrontation directe entre les vaisseaux étrangers et les pêcheurs somaliens ».
En outre, les pêcheurs se plaignaient de la destruction de leurs filets et d’autres équipements de pèche. On racontait comment les plus grand bateaux des pêcheurs étrangers détruisaient les petits bateaux et prenaient leurs filets et leur prise de la journée.
Le ressentiment de la communauté des pêcheurs a abouti à une quête de vengeance. Ils n’appréciaient guère la concurrence et ont réagi avec force. Des groupes armés, comme les «Marins somaliens »2 de Haradarre se formaient pour se protéger contre le pillage de leurs eaux. Ils leur ont attaques avec des grenades autopropulsées et des fusils d’assaut. Les pêcheurs étrangers leur ont rendu la monnaie de leur pièce.
Quant aux allégations de déversement des déchets toxiques, les autorités maritimes de la région l’ont ignoré jusqu’au jour ou les preuves se sont littéralement rejetés sur le rivage.
Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le dumping des déchets nocifs sur les rivages de la Somalie a commence dans les années 1990. En 1992, un contrat pour déverser des déchets toxiques a été conclu entre Achair Partners, Progresso (compagnie de navigation suisse et italienne, respectivement) et Nur Elmi Osman, l’un des leaders de la milice implique dans l’évincement de Siad Barre, qui les autorisait à déposer des conteneurs de déchets dans les eaux somaliennes. Pour verser ces déchets, ces sociétés européennes ne payaient que $2,50 la tonne, alors qu’en Europe se débarrasser d’une tonne de déchet coûte dans les 1 000 dollars3. Dans ces déchets, on trouvait de l’uranium, les déchets radioactifs, plomb, cadmium, mercure, et des déchets industriels, chimiques, et autres.
L’impact du tsunami de 2004 a soulevé ces dépôts sur les plages autour de Hobyo du Nord et Warsheik (dans la région autonome de Puntland). La contamination a causé des problèmes environnementaux et sanitaires substantiels aux communautés locales. Des milliers de personnes de Puntland ont commencé à se plaindre de troubles grave et sans précédent : « infections aigues de l’appareil respiratoire, toux sec et lourd, saignement de la bouche, hémorragies abdominales, réactions cutanées inhabituelles et la mort subite après l’inhalation des matériaux toxiques »4.
C’est à cette époque que la seconde phase de la piraterie somalienne a commencé.
Pourtant, même si les pirates revendiquent ce dumping et le pêche illégal comme leur raison d’être, ce n’est pas la seule. Dans un Etat en faillite comme la Somalie, on se débrouille comme on peut pour survivre. Jeffrey Gettleman, correspondant de l’Afrique de l’Est pour le New York Times, résume la situation ainsi : « La République Démocratique du Congo est un Etat en faillite. Le Zimbabwe également. Mais ces endroits ont au moins une armée et une bureaucratie nationale, quelque corrompue qu’elles soient. Depuis 1991, la Somalie ne s’agit pas tant d’un Etat qu’un espace anarchique et ingouverné qui occupe la place sur la carte entre ses voisins et la mer ».
L’économie de la piraterie
La piraterie est la seule industrie de croissance en Somalie. Actuellement, il y a environ 1000 pirates en activité. Cependant, on dit qu’il y a au moins 2500 personnes en cours d’entrainement. Une attaque dans la Golfe d’Aden en décembre 2008 montre que le nombre de pirates ne cesse d’accroitre. Cette attaque a été menée par 20 bateaux de pirate et environ 60 pirates qui tentaient de détourner cinq vaisseaux commerciaux simultanément. Ce qui est, de loin, le plus grand nombre de pirates impliqués dans un seul détournement.
Il y a quelques années, les pirates demandaient des rançons variant des dizaines aux centaines de milliers de dollars. En 2008, les rançons tournaient autour d’un demi-million à deux millions de dollars. En tout, on estime le montant des rançons payes en 2008 s’élève à $30 million, ce que dépassent par $10 million le budget annuel de Puntland, la région d’où sont lancés la plupart des attaques.
Ce n’est pas que les pirates qui bénéficient de leurs activités. La piraterie est devenue le pilier de l’économie de la région, employant des centaines de personnes. Un rapport de l’ONU fondé sur les informations recueillie des pirates basé au village d’Eyl, révèle la façon qu’a cette groupe de diviser le butin5 :
• Milice maritime, pirates qui ont participé dans le détournement – 30%
• Milice terrienne (groupes armes qui contrôlent le territoire où les pirates se base) – 10%
• Communauté locale (anciens, officiels locaux) – 10%
• Financier – 20%
• Sponsor – 30%
La milice maritime partage équitablement les gains mais le premier pirate qui monte à l’abordage du vaisseau reçoit une double part ou une voiture. La famille d’un pirate est aussi récompensée si son proche meurt lors d’une attaque. On doit payer aussi les négociants, les porte-paroles, les comptables, les logisticiens, etc.
Même ceux qui ne sont pas directement impliqué dans la piraterie en tirent les bénéfices. On a monte des restaurants spéciaux pour nourrir les équipages des bateaux détournés. Les prostituées, les vendeurs de khat, tous bénéficient des gains des pirates. Au point où il devient difficile de séparer l’économie informelle de la piraterie de l’économie légale de Puntland.
Dans un pays ou le revenu annuel est estime à $650, on comprend bien l’allure de gagner jusqu’à $10 00 pour un raid, quel que soit le danger. Dans le village d’Hobyo, des 80 bateaux de pêche, tous sauf quatre ont tourne a la piraterie. Le propriétaire d’un de ces quatre bateaux raconte, « J’ai eu 25 hommes travaillant sur mes bateaux…Ils sont tous partis travailler dans la piraterie ».6 Un jeune pirate de 25 ans explique au BBC (British Broadcasting Corporation) pourquoi il est devenu pirate : « Il y a des années, on pêchait souvent, assez pour se nourrir et vendre au marche. Puis, le pêche illégal et le dumping des déchets toxiques par des vaisseaux étrangers ont affecte notre gagne-pain, réduisant le stock des poissons. Je n’avais pas d’autre choix que de rejoindre mes collègues [devenu pirates]…Maintenant, j’ai deux camions, une voiture de luxe et j’ai monté mon propre commerce dans ma ville ».
Beaucoup dans leurs villes voit les pirates comme des héros. Non seulement parce qu’ils ont beaucoup d’argent mais aussi parce qu’on considère qu’ils rompent une lance pour le nationalisme somalien, qu’ils protègent les eaux somaliens des étrangers qui les pillent et polluent. Même si ce perspectif est moins répandu maintenant qu’auparavant, il persiste.
Adaptation et évolution
Avec la croissance des rançons, les techniques et les armes utilises pour ces attaques deviennent de plus en plus sophistiqués. Depuis 2005, les incidents de piraterie se sont intensifié considérablement et, depuis fin 2007 – 2008, sévèrement. Ce qu’on considérait comme des simples agressions maritimes a évolué ainsi que la qualité et la taille des cibles. Si les attaques des années 1990 ont cible des chalutiers, ces groupes ont découvert que c’est plus rentable et moins dangereux de cibler les bateaux commerciaux.
Fin 2008, des pirates se sont empares de deux vaisseaux signifiant : le premier, un cargo ukrainien, le M/V Faina, qui transportait armes et munitions. Le deuxième, le M/V Sirius Star, un pétrolier saoudien chargé de brut qui valait des milliards de dollars. Les ravisseurs l’ont libéré après avoir reçu une rançon de 3,5 million dollars!
L’attaque moyenne se forme ainsi : 2 – 4 esquifs avec un équipage de 3- 6 personnes approchent la cible. Ces bateaux sont rapide, facilement manœuvré, et peut être remonté sur la plage. Les pirates tentent de monter à bord et, s’ils réussissent, prennent d’autres pirates pour mieux contrôler les otages. Ensuite, on navigue la barque vers un port sur, on négocie une rançon et, ensuite, l’échange est fait.
Pourtant, les esquifs manquent le rayon d’action pour atteindre les bateaux plus lucratif. Donc les pirates maintenant utilisent régulièrement les mother ships pour accroitre leur autonomie. Les mother ships sont des chalutiers capturés près du littoral et utilisés comme une base pour attaquer les embarcations plus éloignées.
Les pirates changent leur équipement leurs techniques de piegement pour s’adapter aux nouveaux utilisé évolue aussi. Des capitaines des vaissaux commerciaux ont raconté des histoires de faux signal de détresse. On a aussi remarque l’imitation des manœuvres des forces de l’OTAN, surement pour faire croire aux vaisseaux que certaines positions sont en sécurité. On suggère que des pirates ont un réseau international qui leur fournit les informations sur certains bateaux, quand et ou certains bateaux vont traverser la Golfe d’Aden, etc.7
La réponse internationale
La communauté internationale a décide de réagir avec détermination et force. Notamment :
• la création d’une coalition de navires de guerre, la CTF 150, a décidé de se concentrer une partie de ces opérations sur la Golfe d’Aden,
• le passage par le Conseil de sécurité de l’ONU de Résolution 1851 qui sujette la terre, l’espace, et l’eau territoriale de la Somalie à l’usage de « tous les moyens nécessaires » pour combattre la piraterie,
• le premier envoi par l’Union Européenne d’un groupe navale a la Golfe d’Aden,
• la Chine a envoyé deux destroyers et un supply ship, la première fois qu’elle déploie des forces navales depuis 1949.8
Pourtant tous les analystes s’accordent sur le fait que, on peut essayer de panser les problèmes de la Somalie avec les moyens navals mais, tandis qu’un état qui souffre d’une pauvreté absolue, de la famine, sans gouvernement ni forces de sécurité efficace réside à cote d’un riche trading route, la piraterie continuera.
by Portia Lewis (Afiavimag)