« Comment les pays de l’Afrique Centrale peuvent-ils reconfigurer les autoroutes de transport existantes qui les interconnectent, tout en construisant et en reliant de nouvelles autoroutes de manière à stimuler et soutenir des activités économiques structurellement transformatrices le long et à proximité de ces autoroutes? C’est une question fondamentale sur laquelle le Bureau Sous-Régional pour l’Afrique Centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et les gouvernements ainsi que les partenaires de développement de la sous-région chercheront à faire la lumière, lors d’une prochaine réunion du groupe d’experts sur le thème: « Reconfigurer les corridors de développement en Afrique Centrale: vers une nouvelle approche de prise de décision ».
Prendront part à cette réunion qui se tiendra virtuellement le 8 décembre 2020, des responsables de haut niveau du développement des infrastructures de transport, de la politique et de la planification; des représentants d’organismes intergouvernementaux tels que la Commission de l’Union africaine, la CEMAC et la CEEAC; des dirigeants du secteur privé; des organisations de développement; des organismes partenaires des Nations Unies; des membres de la société civile; et des universitaires.
« À l’heure actuelle où tout le monde est d’accord avec nous sur la nécessité d’une transformation structurelle de nos économies, avec un accent particulier sur les gains de productivité qui découlent de la diversification économique verticale et horizontale, nous considérons les corridors de développement comme une nouvelle donne pour tous les pays de la sous-région », a déclaré Lot Tcheeko, un responsable de la CEA qui coordonne les efforts en vue de cet exercice de réflexion.
« Pendant des décennies, la notion de corridors en Afrique en général, et en Afrique Centrale en particulier, ne concernait que les réseaux de transport consistant en de grands axes routiers reliant essentiellement les zones de production de matières premières aux ports d’exportation et reliant ces mêmes ports aux zones de consommation de produits finis importés », a-t-il poursuivi.
Il a relevé qu’en raison de cette philosophie de développement, les critères qui prévalaient dans le choix des corridors n’incluaient pas toujours la dimension de la rentabilité et du potentiel économique.
Maintenant que les échos de la nécessité de rompre le cercle vicieux de la recherche de rentes pour les matières premières tout en dépendant presque entièrement des importations pour la consommation de produits finis ont été bien compris et appropriés à la fois par les gouvernements et les peuples de la sous-région, il est particulièrement important de faire en sorte que les infrastructures de transport soient un important facteur de transformation.
L’approche consistant à transformer les voies de passage en corridors de développement signifie que les routes régionales ne doivent plus être utilisées uniquement pour le transport de biens et de services, mais aussi comme moyen pour stimuler le développement social et économique des zones avoisinantes. Ce modèle de corridors de développement (ou économiques) appelle à un travail plus global à faire sur la création délibérée d’infrastructures industrielles et sociales chaque fois que des routes importantes sont configurées et construites.
Les économistes du Bureau de la CEA pour l’Afrique Centrale affirment que la cartographie intelligente des corridors de transport présupposera de bonnes analyses spatiales et une bonne planification de sorte que les zones à fort potentiel de productivité en raison de leurs ressources humaines et naturelles ainsi que de leur proximité avec ces routes soient préparées pour une explosion de l’activité économique dans des domaines tels que les mines, l’agro-industrie, l’industrie manufacturière, le commerce et le tourisme. L’allocation des ressources et les investissements peuvent être facilement réalisés une fois ces locaux sont mis en place, parallèlement à la construction de voies de transport. Cela encouragerait également la création de zones économiques spéciales qui, à leur tour, pourraient contribuer à compenser l’absence ou l’insuffisance d’infrastructures essentielles pour le développement.
La CEA pense donc que le moment est venu de changer le paradigme des corridors de « transport », en particulier ceux identifiés dans le Plan Directeur Consensuel des Transports en Afrique Centrale (PDCT-AC) adopté par la 11ème Conférence ordinaire des Chefs d’État et de gouvernement de la Communauté Economique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), tenue à Brazzaville, Congo, le 27 janvier 2004, et formulé avec l’appui technique de la CEA. Entre-temps, la 18ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC tenue le 20 novembre 2020 a appelé à une refonte du programme du PDCT-AC en vue de refléter les besoins actuels du développement.
Cette réunion d’experts générera donc des discussions sur l’impact de la création de corridors de développement en Afrique Centrale, et formulera des recommandations et des orientations pour une reconfiguration et une accélération de la mise en œuvre du PDCT-AC.
SOURCE Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique