Ahmed Mukhtar : un maître de luth arabe

 

Ahmed Mukhtar est né à Bagdad en 1967. Joueur de oud et de percussion arabe depuis l’âge de douze ans, il a travaillé avec de nombreux ensembles et d’artistes de musique traditionnelle en Irak. Doté d’une solide culture musicale et animé d’un projet de carrière professionnelle plus que d’un désir de vedettariat, Ahmed Mukhtar est parti d’Irak pour s’installer à l’étranger.

                                                   Le maqâm revisité

Après avoir étudié l’Oud et la percussion avec les maîtres Ghanim Haddad et Jameel Jerjis, il entre à l’Institut d’Etudes Supérieures de Musique de Damas puis au London Collège of Music. À la fois musicien professionnel et professeur de musique arabe et de percussions, Ahmed Mukhtar donne des concerts dans les plus grandes villes du Moyen-Orient et d’Europe. Il se produit également outre-Atlantique à Boston, New York ou encore Philadelphie. Ses recherches autour du maqâm irakien le mènent à la redécouverte des mélodies traditionnelles. Avant l’adoption du terme maqâm, on utilisait dans les régions arabophones diverses appellations : saout  qui veut dire voix ou son ou encore naghma qui veut dire mélodie ou. Comme pour les râgas dans la musique indienne, les maqâmat sont associés aux 4 éléments, au jour et à la nuit et avaient chacun un caractère. Au chant et à l’oud, il explore ce nouveau maqâm, mêlant reprises du répertoire classique et improvisations. Ahmed Mukhtar s’emploie ainsi à préserver et à renouveler ce patrimoine musical séculaire, évoquant à travers bon nombre de ses morceaux une partie de la culture irakienne.

En Irak, contrairement au reste du monde arabe, le terme maqâm ne désigne pas seulement un mode mais également un genre musical spécifique construit en trois parties où alternent voix et instruments. L’art du maqâm atteint son apogée durant la dynastie des Abbassides (750-1258) à Bagdad, une époque carrefour pour les cultures arabes, turques et perses. Ahmed Mukhtar est le premier à interpréter ce genre de musique en solo. Attaché à ses racines, le luthiste ne veut pas que les traditions musicales disparaissent de l’histoire. C’est pour cette raison qu’il a choisi de défendre l’oud et de le sauver de l’oubli.

                                                          Le succès londonien

Il enseigne l’oud, les percussions et la musique arabe théorétique dans plusieurs endroits à Londres, aussi au SOAS, université de Londres. Depuis 1990, il a joué, enseigné, et a fait des tournées á travers le Moyen-Orient et l’Europe dans plus de vingt pays.

Ahmed Mukhtar a écrit la musique de pièces de théâtre et de documentaires pour des stations de télévision arabe (MBC, ART, Mustakela et BB5). Il a composé la musique pour une nouvelle version de l’Histoire du soldat de Stravinsky qui a été produite à « The Old Vic » en Janvier 2006. Il a sorti deux CDs, en 1996 et en 1999, les deux contenant de la musique traditionnelle mais aussi sa propre musique. ARC Music Company a sorti deux autres CDs « Rythme de Bagdad 2003 » et « Route vers Bagdad 2005 » composés par Mukhtar.

En 1999, l’union des musiciens de Grande Bretagne a remis á Ahmed Mukhtar le prix de la meilleure composition de musique non occidentale. Les Nations Unis ont alors choisi Ahmed et seize autres musiciens du monde entier afin de créer un CD pour les victimes du terrorisme et de la guerre. Cela a été approuvé par l’association des droits humanitaires.

Aujourd’hui, il présente sa propre émission de musique éducative (Speech of the Oud) sur la chaîne de télévision appelée Almustakhlah, diffusée á Londres. Guidé par la passion, Ahmed Mukhtar a réussi à réactiver des traditions musicales ancestrales. Le maître du Oud continue à rêver portant, au fond de lui, une grande souffrance de voir l’Irak, un prodigieux  berceau des civilisations, à l’histoire tumultueuse.

                                     Imad Ahemadi

 

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