JACK LONDON

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 « J’aimerais mieux être un météore superbe, et que chacun de mes atomes brille d’un magnifique éclat, plutôt qu’une planète endormie. La fonction propre de l’homme est de vivre, non d’exister. Je ne perdrai pas mes jours à essayer de prolonger ma vie. Je veux bruler tout mon temps. »

C’est ainsi que Jack London définissait sa façon de voir la vie. Et c’est ainsi qu’il l’a vécue. De cette étoile filante, géant de la littérature du XXe siècle, obsédé de lecture, d’écriture et d’aventure, il nous reste l’image de l’écrivain du Grand Nord, de Croc-Blanc et de l’appel de la forêt. Pourtant Jack London c’est beaucoup plus que cela. Un tourbillon. Pilleur d’huitres à 15 ans dans la baie de San Francisco, chasseur de phoque sur les côtes du Japon à 17 ans, militant socialiste, vagabond puis chercheur d’or à 20 ans, célèbre et adulé à 25 ans, navigateur dans les mers du Sud à 30 ans, mort sur son ranch au Nord de la Californie à 40 ans, laissant derrière lui une œuvre considérable, 50 romans, 200 nouvelles, 500 articles, 12 000 photos.

C’est son voyage dans les mers du Sud sur les traces d’Herman Melville et Robert Louis Stevenson que le Musée d’Aquitaine a choisi d’évoquer en reprenant l’exposition créée à Marseille par le réalisateur Michel Viotte et Marianne Sourrieu, conservatrice du musée d’arts africains, océaniens et amérindiens.

C’était le rêve de sa vie. Un tour du monde de 8 ans avec sa femme Charmian, qui n’en durera que deux, de 1907 à 1908. Une Odyssée initiatique avec sa série d’épreuves qui le mèneront de San Francisco à Sydney à travers la Polynésie et la Mélanésie. Départ du Snark, son bateau, prévu pour 1906 : tremblement de terre de San Francisco. Voyage vers Hawaï 1907 : perdu en mer avec un capitaine qui n’a jamais navigué. Hawai : découverte du surf mais aussi de la léproserie de Molokai. Voyage vers les Marquises : série de tempêtes et découverte d’une civilisation en voie de disparition. Tahiti : aller-retour précipité à San Francisco pour cause de faillite. Samoa : irruption volcanique. Salomon : Embarquement sur un bateau recruteur de main d’œuvre pour les plantations attaqué par les indigènes. Enfin maladie et rapatriement à Sydney dans un état grave.

Mais durant tout le voyage Jack London ne se départira jamais de sa bonne humeur et de son optimisme. Il écrira deux heures chaque jour à bord du Snark, dont son chef d’œuvre Martin Eden. Il enverra ses articles et reportages photos à tous les grands journaux américains, qui seront réunis plus tard dans son ouvrage La croisière du Snark. Il collectera aussi nombres d’objets auprès des habitants des îles du Pacifique qu’il souhaitait présenter dans son ranch, avant que celui-ci ne brûle la veille du jour où il devait emménager…

C’est cette aventure extraordinaire d’un homme extraordinaire que raconte l’exposition : maquette du Snark, documents de navigation, extraits d’articles, objets des îles provenant de différents grands musées mais aussi de la collection personnelle de Jack London, comme ces deux poteaux cérémoniels sculptés d’esprits protecteurs ou encore la malle de voyage de son épouse Charmian, femme fascinante sans qui il n’aurait pu entreprendre ce voyage. Surtout il y a ses photographies, étonnantes de modernité et d’humanité. En autodidacte Jack London avait commencé à faire des reportages lorsqu’il était correspondant de guerre en Corée lors du conflit entre La Russie et le Japon. Armé de son appareil révolutionnaire Kodak, à pellicule souple et repliable il va réaliser 4000 clichés dans mers du Sud. Il prend les gens comme ils sont, sans pose ni recherche esthétique. Lépreuses hawaïennes à cheval, marquisiens souriant, écoutant de la musique classique autour de son gramophone, pécheurs de Bora Bora, famille royale des Samoa, guerriers menaçant des îles Salomon, marins de son équipage dont son fidèle serviteur Nakata qui le suivra en Californie ou Martin Johnston son mécanicien qui plus tard deviendra célèbre grâce à ses reportages documentaires en Mélanie. Surtout, des photos de Charmian, partout présente et souriante, même au milieu des coupeurs de tête, un pistolet à la ceinture.

On n’en finirait jamais de raconter Jack London dont la présence nous transperce jusque dans son dernier portrait, souriant à la sortie de l’exposition. Si vous voulez vivre un moment d’intense émotion et d’aventure dans les mers du Sud, venez donc à sa rencontre au Musée d’Aquitaine. Vous ne serez pas déçu.

 

Paul Matharan.

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