Lutter contre le diabète en République centrafricaine

A Paoua, une ville de 17 000 habitants en République centrafricaine, l’équipe de Médecins Sans Frontières a établi un lien particulier avec Drucille, une petite fille de neuf ans. Ces six dernières années, elle a passé la plupart de ses journées dans l’hôpital de la ville, soutenu par MSF, où elle est suivie pour un diabète de type 1.

Drucille a été diagnostiquée avec un diabète de type 1 à l’âge de deux ans. Cette maladie chronique se manifeste généralement chez les enfants, adolescents et jeunes adultes dont le pancréas ne peut pas produire d’insuline pour des raisons diverses, souvent liées à un déficit immunitaire.

La vie de Drucille est rythmée par un traitement journalier qu’elle peut uniquement prendre à l’hôpital soutenu par MSF, notamment à cause de son coût, ses difficultés de conservation et d’utilisation. Le manque d’insuline signifie qu’elle a besoin d’une dose deux fois par jour pour éviter des complications qui pourraient mettre sa vie en danger. Sans accès à ce traitement d’insuline, Drucille pourrait mourir en quelques semaines, voire en quelques jours.

Chaque jour, elle retrouve l’équipe médicale à 6h30 dans l’enceinte de l’hôpital pour recevoir sa première dose d’insuline de la journée. Un diabète de type 1 est généralement compliqué à gérer : le traitement insulinique comprend une combinaison d’insuline à action prolongée qui aide à contrôler de façon constante le taux de sucre dans le sang tout au long de la journée, et d’insuline à action rapide, souvent liée à la nature et l’heure des repas.

Sa famille vit dans un petit village situé à plus de 30 kilomètres de Paoua, aux frontières du Tchad et du Cameroun. Au-delà du mauvais état des routes et de l’insécurité, ses parents ne peuvent pas se permettre le coût de transport pour aller à l’hôpital tous les jours. Elle n’a donc pas eu d’autre choix que de quitter sa famille afin de se rapprocher de l’hôpital et vit désormais chez l’un de ses oncles à Paoua.

Comme beaucoup de personnes diabétiques de type 1, Drucille doit suivre un régime alimentaire pauvre en sucre en plus de son traitement, ce qui n’est pas toujours simple. L’équipe médicale l’a aidée à identifier ce qu’elle peut consommer et à gérer son diabète.

« Je ne bois pas de jus ni de café sucré et je ne mange pas de biscuits ni de bonbons, uniquement ce qui est acide et amère. Même les bananes peuvent être dangereuses pour ma santé », explique la petite fille.

L’histoire de Drucille est loin d’être unique : 422 millions de personnes vivent avec le diabète dans le monde. Le taux de prévalence a quasiment doublé ces 30 dernières années et augmente encore plus rapidement dans les pays à revenu faible et intermédiaire en comparaison avec celui des pays à revenu élevé.

A Paoua, MSF a mis en place un centre de suivi à l’hôpital afin de dispenser des soins de santé adaptés, un soutien et un suivi aux patients atteints de maladies chroniques. « Notre centre de suivi a initialement été créé pour fournir un accompagnement personnalisé des patients vivant avec le VIH et la tuberculose et ainsi renforcer les services de conseil et l’adhérence au traitement. Cela permet de prévenir de possibles complications qui nécessiteraient une réadmission à l’hôpital. Au fil des années, nous avons étendu nos services pour faire face à la présence d’un grand nombre de patients atteints de maladies chroniques non transmissibles comme l’hypertension, le diabète, l’épilepsie ou bien l’asthme », explique Yvette Monkam, référente médicale MSF à Paoua.

Sans un suivi médical de routine et un traitement adapté, les patients diabétiques en situation de crise à cause d’un manque de traitement insulinique sont souvent pris en charge aux urgences et dans les services hospitaliers de Paoua.

L’objectif de ce centre de suivi pour les patients atteints de maladies chroniques est de leur offrir des soins adaptés afin d’éviter une hospitalisation. Cela permet d’améliorer le diagnostic des maladies chroniques et les complications associées, la prévention et la prise en charge thérapeutique et psychosociale. L’année dernière à Paoua, 395 personnes vivant avec une maladie chronique ont été suivies dans ce centre, dont 18% pour du diabète.

SOURCE Médecins Sans Frontières

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