DIS-MOI CE QUE TU MANGES… 

 

Patrick ZINVOEDO entend donner un grand coup de pied dans la fourmilière.  Si ce jeune diététicien béninois en appelle aujourd’hui à un bing bang dans la gastronomie africaine, c’est parce qu’il observe de plus en plus chez ses patients une curieuse attitude visant à s’appuyer davantage sur un médicament plutôt que sur une bonne alimentation pour recouvrer la santé.

 

Afiavimag : Combattre la maladie par les aliments est une démarche salutaire. Mais comment expliquez-vous les réticences des populations à l’admettre ainsi?

Patrick ZINVOEDO : Par pure ignorance. Nous tenons de nos parents des habitudes alimentaires dont nous n’arrivons pas à nous départir. Voyez-vous, pour moi-même qui vous parle, ce n’est pas tombé du ciel. J’ai beau avoir un BTS en Hôtellerie, travaillé dans des restaurants français, libanais et chinois. Il a fallu que je sois témoin d’un incident ayant conduit un de nos clients à l’hôpital après un repas carné pour que je me rende compte à l’instar d’Hippocrate qu’on creuse sa tombe à table. Alors je me suis mis à lire des livres de diététique, puis je me suis inscrit plus tard en cours à distance à l’Ecole diététique du Luxembourg. C’est tout cela qui me donne une forte envie de vouloir changer un tant soit peu le cours des choses !

Ton aliment est ton médicament, dites-vous. Comment l’Africain qu’on dit bien bâti par la nature doit s’alimenter pour garder une bonne santé ?

L’Africain mange parce qu’il a faim, alors que son aliment devrait être son médicament. S’il veut être en bonne santé, il doit consommer beaucoup de fibres contenues dans les fruits et légumes ; éviter de tout porter au feu notamment les épices comme l’oignon, l’ail, le gingembre, le poireau ; préférer des boissons chaudes aux boissons fraîches. Certains protides d’origine animale comme le mouton, la pintade, le pigeon, le lapin, la dorade, le thon, la carpe, le maquereau, la sole sont conseillés en grillades. En définitive,  tout aliment ou toute boisson industrialisée nuit à la santé !

Y-a-t-il un lien entre le régime alimentaire d’un individu et son groupe sanguin ?

Absolument. Il n’est pas possible de faire tourner un moteur diesel avec de l’essence ! Le sang est un carburant qui caractérise chaque type d’individu. Un individu du groupe sanguin O a plus besoin de calcium tandis qu’un individu du groupe B+ a besoin davantage de magnésium. Ce qui veut dire que chaque individu doit pouvoir consommer les aliments comportant les oligoéléments dont il a réellement besoin.

Quelles sont les maladies courantes imputables à un problème d’alimentation ?

Disons le diabète en premier lieu à cause des graisses animales et des additifs édulcorants six cents fois plus sucrants que le sucre ! Ensuite le cancer à cause des conserves, des vins cuits, des liqueurs et des aliments calcinés ; l’hypertension à cause des excès de sodium industrialisé, du manque de magnésium et de potassium naturels. Enfin la constipation voire l’hémorroïde à cause des conflits gastronomiques…

Y-a-t-il des maladies mentales liées à un mauvais régime alimentaire ?

Je n’en connais pas particulièrement. Mais je sais en revanche que la déficience en vitamine B handicape le fonctionnement du système nerveux.

Qu’entendez-vous par additifs alimentaires et quels risques comportent-ils pour la santé ?

Il s’agit d’éléments chimiques utilisés dans la conservation en vue de la commercialisation d’un certain nombre de produits de grande consommation. Ces ajouts détruisent la vitamine A conduisant à une myopie précoce. Ensuite ils déséquilibrent le cœur en la déchargeant de l’acide oméga 3. Enfin ils privent l’organisme du zinc ce qui conduit à l’infertilité…

Comment établissez-vous vos diagnostics ?

Par l’écoute du patient. Je recueille les informations sur les horaires de ses repas, ses  habitudes alimentaires, les médicaments chimiques ou traditionnels consommés, sa profession, son âge, son poids, sa taille, son groupe sanguin, ses pathologies… Après analyse des données, le mal est diagnostiqué et le cas échéant un régime établi pour y remédier.

L’Afrique disposerait d’une biodiversité très favorable à l’obtention des divers oligoéléments indispensables à la vie. Ainsi le baobab serait un véritable trésor de santé…

En effet. Cet arbre renferme des minéraux de toute nature. Ses feuilles sont riches en fer, en vitamine D et en niacine qui est un neuromédiateur. Prises en infusion, elles guérissent l’asthme et nettoient le sang. L’écorce en décoction prise avec du bon miel est un excellent café pour l’Africain. Elle est riche en calcium, en potassium, en magnésium et en iode. Elle lutte contre la prise de poids. Ses racines fertiles en zinc et en sélénium sont un bon désintoxiquant et un excellent vaccin contre la fièvre jaune et l’hépatite B…

Votre émission radiophonique a une grande audience mais comme vous le savez si bien,  les paroles s’envolent, les écrits restent. A quand un support écrit de vos enseignements ?

Bientôt. Je viens de finir un ouvrage en attente d’édition qui sera préfacé par un illustre aîné en matière de lutte pour la santé par les aliments. J’en appelle aux bonnes volontés pour la publication prochaine dudit bouquin. Je souhaite par ailleurs disposer d’un site internet pour une large diffusion des résultats de mes recherches.

René Georges BADA (Bénin)

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