Malouma,  la diva du désert

 

 

Malouma est née dans les années 1960 à Mederdra (Trarza) en Mauritanie, dans la décennie de l’indépendance. La Mauritanie constitue un point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique noire. Elle est peuplée de Maures arabo-berbères originaires du nord du continent (Blancs Bidanes ou Noirs Haratines), de Peuls, Wolofs, Soninkés. Les «Haratines» sont des descendants d’esclaves noirs venant de différents pays d’Afrique sub-saharienne.

La Mauritanie : un carrefour naturel de cultures

C’est là que l’on peut apprécier le carrefour des cultures de ce pays car sa musique est influencée par les sons des peuples berbères du nord et les peuples noirs du sud. La musique traditionnelle rappelle les exploits des princes guerriers des grands empires qui ont existé en Mauritanie. Elle est assez élitiste. Aujourd’hui, une musique populaire jouée par des artistes actuels est écoutée dans les événements religieux tels que les baptêmes. La musique fait partie de la culture mauritanienne. Elle a été inspirée par le Maghreb et l’Afrique noire.
Ces musiques peuvent exprimer différents sentiments, raconter des histoires et légendes locales ou religieuses. Les instruments populaires sont nombreux en Mauritanie. La «kora» est un instrument se situant entre la guitare et la harpe. Elle est composée d’un ensemble de 10 à 30 cordes reliées à une caisse de résonance en forme de demi-sphère et à un axe en bois. L’équivalent chez les femmes maures s’appelle « ardine ».  Les griots maures utilisent un autre instrument à corde appelé « tidinite« . Le « tbel » est un grand tam tam. Il faut savoir qu’en Mauritanie seuls les griots ont le droit de chanter ou de jouer d’un instrument dans un spectacle.

                             Griotte rebelle et chanteuse du peuple

Dans cette Mauritanie dite « au million de poètes », Malouma voit le jour dans la caste des artistes, les griots fille du griot Moktar Ould Meidah, une référence dans le monde musical traditionnel, Malouma a longtemps fait figure de rebelle dans son pays. Elle parle dans ses chansons, d’amour, de relations conjugales, d’inégalités, ou de la promotion de la femme, cela froisse les principes de quelques-uns. Si elle en dérange certains, en revanche d’autres se reconnaissent dans cette chanteuse audacieuse et combattante en y appréciant à la fois son franc-parler mais aussi sa manière de renouveler la musique du pays.

   Elle réside à l’entrée de Nouakchott, entre océan et désert. Malouma est une tigresse capable de tous les coups de griffes pour défendre ses bonnes causes. La diva du désert, une griotte rebelle devenue reine de la musique mauritanienne, drapée dans sa melhafa blanche, qui enveloppe son corps d’un seul et long pan de tissu et glisse sur ses cheveux décolorés au henné, Malouma revendique ses origines. Mieux, elle craint d’être la représentante d’une caste de griots savants en voie d’extinction.

Malouma rompt aussi avec les paroles laudatives des griots. Derrière la poésie chantée d’une voix lancinante et dépouillée, ses idées brisent des tabous. Non au mariage forcé de Mauritaniennes à peine sorties de l’enfance. Non au racisme contre les Négro-Africains ; non à la marginalisation des castes des plus démunies, notamment les anciens esclaves Haratines. Oui à la mixité des communautés dans ce pays charnière entre le monde arabe et l’Afrique noire, traversé en profondeur par des pratiques persistantes de discrimination ethnique, note le dernier rapport du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. « Je suis une Africaine d’origine arabo-berbère », dit-elle.

Cependant sa musique devient rapidement populaire auprès des jeunes malgré la réticence de la classe dominante de quelques groupes d’intellectuels. Elle y introduit beaucoup de thèmes à la fois : l’évolution des mœurs, la culture et même une remise en cause de l’ordre social traditionnel. Elle devient alors « la chanteuse du peuple » (mutribatou echa’b). Cet engagement ne lui fait pas oublier son objectif premier: la recherche musicale afin d’ouvrir son pays et faire connaître à l’extérieur les trésors du patrimoine national. Malouma va plus loin en cherchant à harmoniser la musique pentatonique traditionnelle mauritanienne avec les autres musiques populaires, notamment le blues et le jazz

                                        L’influence du jazz

Ce constat est évident depuis la sortie de son disque en 1998 (sur Shanachie) dans lequel elle reprend Otis Redding ( » Fa Fa Fa »), en décembre 2002, elle enregistre à Nouakchott un nouvel album, « Dunya « , (Marabi – Mélodie). Les mélomanes apprécieront l’élégance des chorus mélodiques. Ajoutons que les gammes pentatoniques sont employées également dans le Jazz Moderne mais d’une manière plus pointue. Le meilleur exemple étant John Scofield dans les enregistrements qu’il a réalisés avec Miles Davis.

Le célèbre groupe musical américain, le  » Jazz Ambassadors  » avait visité la Mauritanie en 2004. Il s’était produit au cinéma Galaxy, à Nouakchott. Ce concert, organisé par l’ambassade des USA en Mauritanie, a été l’occasion pour les artistes de tenir en haleine le public, grâce aux sonorités d’un jazz, riche de plusieurs influences de la culture afro-américaine, revisitant l’Afrique, sa terre des origines. On peut dire, que la culture mauritanienne a aussi beaucoup voyagé au travers ses artistes, surtout avec Malouma, dont la voix est l’une des incarnations de la combativité du continent africain. Ses chansons sont porteuses d’énergies diverses, fusionnelles, vigoureuses et à la fois sensitives.

La musique de Malouma, sociale, humaine, humanitaire ou de révolte reflète le quotidien laborieux des couches populaires, malgré une réputation d’élitiste qui lui est associée. Elle sillonne les prestigieuses scènes internationales envoûtant tous les publics  avec une musique dont elle seule connait le secret…

Jamal.(Afiavimag)

 

 

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