Le christianisme est sans aucun doute une religion importée en Afrique mais avant même de l’avoir connue, les africains faisaient du 9e commandement de la bible, celui qui interdit toute convoitise de la femme d’autrui, une ordonnance sacrée.
Autant le prestige et la fierté de l’homme se mesure à sa virilité, c’est à dire à la taille de son harem d’épouses, autant l’adultère de l’une d’entre elles est constitutif d’une offense inadmissible. L’importance accordée à ce principe a depuis toujours fondé des pratiques occultes qui tiennent lieu de véritable religion sur le continent et qui vise la pérennité de l’union matrimoniale.
Au sud du Togo, cette tradition est de rigueur dans de nombreuses tribus. La clé ancestrale de la protection de la famille, de sa prospérité repose sur ce principe. La femme est comme le domicile, un bien inviolable et toute atteinte à ce bien expose son auteur à la mort ou à la pire des humiliations au meilleur des cas. Dans certaines situations extrêmes, interdiction est faite à la femme de recevoir des cadeaux d’un autre homme que son époux. En aucun cas elle ne devra laisser découvrir les parties sensibles de son corps, même pas accidentellement sous peine de subir la sanction prévue. L’épouse n’a en fin de compte pas d’autre choix que de rester fidèle à son mari.
Le « nœud d’amour » est un sortilège qui empêche la concrétisation de l’acte prohibé ou qui le puni
C’est une arme redoutable dont dispose les époux pour s’assurer la loyauté de leurs conjointes dans cette région du pays. Elle épouvante de part ses effets humiliants et invalidants selon les circonstances.
Un nœud d’amour est en principe un enchantement qui a pour but d’empêcher tout contact de nature sexuel entre une femme et un homme autre que son époux. De manière classique, de pareils envoûtements provoquent chez la victime l’effet d’une répugnance pour tous les hommes excepté son époux. A un degré supérieur, il occasionne la perte de l’érection chez l’amant au moment opportun dans le but de l’humilier sans plus. Au sommet des effets tragiques, le nœud porte atteinte à l’intégrité physique des amants et ceci gravement.
Scandale et drame
Au-delà de l’étape primaire décrit plus haut, les effets de certains nœuds se poursuivent dans le temps. La perte de l’érection peut devenir définitive pour l’homme, des infections atypiques et incurables peuvent apparaître sur le membre avec des douleurs insoutenables. Chez la femme, des saignements abondants et douloureux peuvent suivre et perdurer jusqu’à confession de la forfaiture.
Le propre de certains noeuds est de transformer la partie de plaisir en un scandale « mémorable » pour les amoureux indélicats. C’est le cas lorsque les amants au top du firmament se trouvent dans l’impossibilité matérielle de se décoller et ceci jusqu’à ce que désenvoûtement s’en suive ou encore lorsque l’adultère de retour au domicile se confond en hallucination avec une frayeur infernale à la vue du « maître légitime ».
Recette de campagne pour nouer une femme
La formule traditionnelle de nœud d’amour est celle qui consacre le fondement et la protection de la famille. Elle se pérennise de génération en génération par des rituels magiques accomplis par le patriarche de la famille au domicile des époux et par l’initiation des nouveaux nés de sexe masculin dans une famille.
En effet, les petits garçons sont prémunis depuis le berceau contre l’humiliation provoquée par l’inobservation par inadvertance de la recommandation sacrée grâce à des incisions appropriées.
A l’âge adulte, ils seront prévenus en cas d’ignorance du statut de leur partenaires par des signes particuliers selon les circonstances : sensation de strangulation, de brûlure au niveau du membre, des hallucinations, la perte de l’érection… Selon la croyance populaire, une poudre obtenue à partir des organes sexuels d’un couple de chien abattus en pleine copulation et utilisée sous forme d’onction magnétisée à cette fin par l’utilisateur légitime devrait garder « coller » les amants indélicats. La poudre de caméléon enrichie de quelques herbes exotiques provoquerait à merveille des hallucinations infernales. Celle des termites, des écoulements de même nature chez l’amant irrévérencieux jusqu’à ce que mort s’en suive dans les sept jours à moins d’un désenvoûtement après confession à qui de droit.
La menace des nœuds aussi terrifiante soit elle possède des antidotes tout autant efficaces. Des bains de purification à base d’hysope et d’eau de source ou des bagues magiques préserveraient les femmes averties contre ce genre d’humiliation sans pour autant empêcher que le cocu ne découvre le pot aux roses.
Seulement, en cas de signalement de quelque manière que ce soit à l’époux trahi, il supporte sous peine de mort, l’obligation d’arrêter toute relation sociale avec la conjointe fautive et sans préalable. Ceci, jusqu’aux cérémonies de purification et de réinsertion sociales.
Akouvi E. Agbokou Afiavimag)