Artistes complètes de la scène et du spectacle, Tatiana, Zekiath et Carine forcent l’admiration par leur répertoire coloré et des prestations scéniques endiablées. Nominées aux Koras en 2008 dans la catégorie « musique traditionnelle », ces amazones de la diversité culturelle militent pour le rayonnement d’une musique béninoise authentique.
AFIAVI : Pourquoi avez-vous senti le besoin de créer un groupe féminin dans une arène musicale béninoise très masculine?
TERIBA : Nous étions déjà ensemble. Seulement qu’à un moment donné, nous avons décidé de conjurer un sort jeté aux femmes ; notre incapacité à nous rassembler autour d’un même idéal.
Comment appréciez-vous donc la condition de la femme dans la société béninoise ?
La femme béninoise a compris aujourd’hui qu’elle est au centre du développement de notre pays. C’est tout à son honneur, et nous en sommes très fières.
Beaucoup d’artistes africains motivent le choix de leur projet musical par la recherche d’une rentabilité économique. Vous qui avez opté pour une démarche inspirée des connaissances endogènes, comment définissez-vous cette musique ?
Nous faisons une musique qui s’appelle « NOUS ». C’est à la base une révélation de notre identité, nous l’avons voulu ainsi et rien d’autre. Nous sommes d’autant plus heureuses qu’elle soit adoptée et appréciée. C’est d’ailleurs pour nous l’occasion de remercier nos fans pour nous avoir acceptées tel que nous sommes.
En tant qu’auteurs, compositeurs et interprètes, quelles insuffisances relevez-vous dans vos créations collectives?
Nous avons toujours voulu avant toute chose nous faire plaisir et partant, en donner ; c’est là que la magie s’opère. Nous ne cherchons pas à prouver puisque nous n’avons rien à prouver. C’est donc aux autres qu’il revient de relever nos erreurs et à nous d’en tenir compte dans la mesure du possible.
En dix ans de carrière, vous avez produit deux albums. Quelle est votre préférence, la scène ou le studio ?
Nous ne sommes pas pressées de sortir des albums parce que nous estimons qu’il faut laisser le temps aux idées de germer et de murir tranquillement. La scène et le studio sont deux réalités très distinctes. Nous préférons la scène parce qu’elle est vraie et nous permet de ne pas déconnecter de la réalité.
Qu’aimez-vous transmettre aux publics présents à vos concerts?
Notre joie de vivre, notre bonheur d’être en face d’eux et avec eux sans tricherie. Nous aimons leur faire sentir que c’est eux notre source d’inspiration, donner en partage notre énergie dans une parfaite harmonie.
Y-a-t-il des artistes dans votre registre qui vous inspirent ?
Nous avons des goûts très diversifiés. De la musique au théâtre, du théâtre à la danse, tout nous inspire. Cela dit, nous avons dans notre discothèque du trio ESPERANZA, les go de KOTEBA, les ZAP MAMA pour ne citer que ceux là.
Vous partez en tournée européenne cet été, comment ce projet a été mis en place?
Cette troisième tournée de la série est le fruit de gros efforts consentis aussi bien par nous-mêmes que par notre manager serge OLOGOUDOU qui ne ménage aucun effort pour nous trouver des dates par ses contacts de par le monde.
Quelles sont, à votre avis, les entraves à la diversité culturelle?
On remarque de plus en plus que beaucoup tombe dans la facilité dans leur quête du profit ou tout simplement pour rester très tendance. C’est un choix comme un autre mais qui malheureusement n’enrichit pas notre univers musical qui se veut très diversifié.
René Georges BADA (Afiavimag)