Le culte de la profanation

La tradition africaine en générale fait de la vie le plus important des trésors. Elle fustige par conséquent les actes qui, de par leur nature, portent atteinte à l’intégrité de l’être humain dans sa plénitude.

Le droit moderne en ascension sur le continent, entérine cette doctrine et réprime les pratiques traditionnelles d’exception qui s’inscrivent dans la logique contraire.

Dans ce conteste, on pourrait présager sur le continent la fin d’une culture, celle qui autorise dans certaines circonstances, la profanation du corps humain pour des raisons de rituels. Le cannibalisme, les sacrifices humains à des fins funéraires notamment. La recrudescence d’une certaine forme atrocité dénote le contraire.

De toute évidence, l’heure du changement attendu n’a certainement pas encore sonnée sur le continent.

  Au Togo, les cas d’assassinat à bout portant, se font de plus en plus fréquent, laissant les autorités publiques dans un désarrois patent.

Le point commun à nombre de ces crimes est l’argent.

Les auteurs des homicides le font sur commande et contre de fortes sommes d’argent, des dizaines de millions pour la plupart.

Ils sont généralement chargés de se procurer de certains organes spécifiquement : la tête (très prisée), les parties sexuelles, le cœur, le cou mais surtout, le sang.

En d’autres termes, le corps humain est dépiécé et vendu en « pièces détachées » à des nigromanciens, véritables commanditaires qui s’en servent dans leurs opérations magiques.

A chaque organe, son intérêt, sa vertu

Si les services offerts par les charlatans et marabouts n’ont pas le même coût, c’est que les ingrédients des opérations n’ont pas les mêmes valeurs. Les services qui nécessitent pour leur efficacité des parties du corps humains naturellement sont plus onéreux que les autres. La différence s’accentue davantage avec la particularité de l’organe utilisé.

  Un bon orateur pour dompter les foules et faire « couler » son « bréviaire » utilisera le « cou » pour se faire entendre.

  La tête sera réservée à ceux qui sont à la quête de la puissance ou de la suprématie. Selon les opérateurs, le sexe ou le cœur ; parfois même les deux ou en association avec d’autres organes encore, permettraient d’obtenir d’un interlocuteur éventuel, l’acquiescement sans préalable. Un atout que s’arrachent volontiers les grands hommes d’affaire sans jamais chercher à savoir de quoi ses vertus sont faites.

Des tares qui valent de l’or pour d’autres

  En dehors des organes prélevés sur des personnes normales, certaines catégories d’individus sont plus prisées sur le marché noir des pièces détachées que d’autres.

Les albinos par exemples sont par conséquents « des produits d’exception » sur ce marché et évidemment, leurs organes coûtent beaucoup plus chers.

La bosse, le goitre, les malformations sexuelles, le sixième doigt, exposent leurs porteurs à l’appétit des chasseurs d’organes humains. Autrement dit, en dehors de la marginalisation subie du fait de leurs tares, ces malheureux vivent dans une psychose effroyable.

  Le trafic des organes humains qui favorise les homicides est une réalité qui consacre la profanation de l’être humain contre toute loi et toute éthique. Elle constitue la source d’approvisionnement d’une science secrète, elle-même profanatrice mais dont les services sont de plus en plus recommandés parce que mal connus.

Akouvi E. Agbokou (Afiavimag)
 

 

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